Soutien à la Guyane
« Que tout le peuple se lève est un signe fort à la fois de sa souffrance et de son désir de vivre », écrit Mgr Georges Pontier, président de la Conférence des évêques de France, à son confrère de Cayenne.
Dans une lettre adressée vendredi 31 mars à Mgr Emmanuel Lafont, évêque de Cayenne, en Guyane, le président de la Conférence des évêques de France, Mgr Georges Pontier, assure le peuple et l’Église en Guyane de son soutien.
« Les évêques de France tiennent à manifester leur soutien au peuple et à l’Église en Guyane, écrit Mgr Pontier. Dans ce climat de tensions, ils expriment, à leur tour, leur profonde gratitude aux acteurs de dialogue et de paix. »
« Des thèmes cruciaux pour le bien-être de tous »
La Guyane, vaste territoire d’Amérique du Sud (83 000 km2) situé à 7 000 km de Paris, connaît depuis une dizaine de jours un mouvement de contestation d’une ampleur historique, sur fond de revendications sécuritaires, économiques et sociales.
À LIRE : Guyane : la ministre Ericka Bareigts s’excuse, les négociations reprennent
Mardi 28 mars, le département a connu « la plus grosse manifestation de son histoire », de l’aveu même de la préfecture, avec près de 15 000 marcheurs sur une population de 250 000 habitants. L’Union des travailleurs guyanais (UTG) avait voté samedi 25 mars à la quasi-unanimité la grève générale illimitée qui a commencé lundi.
« Au cœur des revendications se trouvent des thèmes cruciaux pour le bien-être de tous : la santé, l’éducation, la sécurité, l’économie, l’accès au foncier, la justice, l’habitat, la protection de la biodiversité et des ressources du sol de la mer et du sous-sol, les infrastructures, les relations de la Guyane avec le monde environnant (Amérique du Sud et Caraïbes) », peut-on lire dans la lettre envoyée à Mgr Lafont.
« Signe fort »
« Que tout le peuple se lève est un signe fort à la fois de sa souffrance et de son désir de vivre. C’est un signe aussi de sa volonté de faire face, uni, à tous ces défis », poursuit l’auteur de la lettre.
« La colère des Guyanais est aussi la mienne », avait affirmé à La Croix, lundi 27 mars, l’évêque de Cayenne. « Les Guyanais sont à bout, poursuit-il. Ils n’en peuvent plus de cette insécurité galopante liée au chômage, au manque de perspectives, à la dégradation accélérée du système d’éducation et de santé. »
Un lien « trop centralisé et vertical avec Paris », qui empêche la Guyane « d’avancer »
Le total des engagements, pour la plupart des « mesures d’urgence » mais dont certains courent sur dix ans, a été chiffré à 1,085 milliard d’euros par Ericka Bareigts. Alors que ces propositions avaient rapidement été qualifiées de « non satisfaisantes », la délégation, après avoir passé l’après-midi à les étudier, a redémarré à 18h30 (23h30 à Paris) les négociations avec la seule ministre des Outre-mer, Matthias Fekl s’étant envolé pour la métropole quelques heures plus tôt.
Le collectif « Pou La Gwiyann dékolé », qui regroupe l’ensemble des mouvements protestataires, « demande au président de la République et au gouvernement d’entamer les discussions avec la société guyanaise afin d’ouvrir un débat clair, transparent, visant à doter notre pays, trop éloigné des centres de décisions hexagonaux, un statut particulier pour la Guyane », a déclaré Davy Rimane, un membre de la délégation, provocant les vivats de la foule.
Peu après, il a justifié cette exigence par la volonté de se débarrasser d’un lien « trop centralisé et vertical avec Paris », qui empêche la Guyane « d’avancer ». Un référendum sur l’autonomie de la Guyane s’était tenu en 2010. Le « non » l’avait largement emporté. « Mais cette crise est l’expression de l’échec de ce référendum, a observé Gauthier Horth, un autre membre du collectif. Car le cadre réglementaire n’est pas du tout en adéquation avec la réalité guyanaise. »