BREIZATAO – PENNADSTUR (08/12/2015) Les élections régionales récentes ont souligné plusieurs problèmes structurels qui empêchent l’Emsav de se reformer et d’agir politiquement, alors même qu’il dispose dans l’opinion publique bretonne d’une minorité significative.
De quoi parlons-nous ?
Nous avons d’une part le “régionalisme”, ce vieux fantôme impotent qui n’offre aucune espèce de plus-value politique. Puisqu’une “région” n’est jamais qu’une partie d’un tout plus large, le “régionalisme” pose de lui-même les conditions de son échec en réduisant la question bretonne à un vague problème administratif d’un sous-ensemble.
Plus grave, en refusant a priori de poser les principes nationalistes comme base politique – bien que historiquement pertinente, spirituellement nécessaire et en pratique efficace – le régionalisme ne peut demeurer, par évidence, qu’une émanation du spectre politique français puisqu’il affirme que la Bretagne n’est qu’une partie de la France, sans personnalité propre. Faute de dimension nationale, historique et étatique, le régionalisme est un oiseau qui se coupe les ailes de lui-mêmes, incapable de s’adresser aux questionnements profonds de l’homme breton pour lui préférer des discussions d’arrière-cuisine autour de questions secondaires.
De l’autre côté, les indépendantistes n’ont jamais proposé une évolution graduelle et compréhensible et manque, là encore, d’ambition étatique. Le Parti Breton par exemple se refuse à se définir en tant que formation “nationaliste”. Position justifiée au demeurant puisque qu’il n’est qu’un décalque de la sociale-démocratie européenne qui est, par définition, une sorte de marxisme mou anti-ethnique. Chacun comprend qu’entre l’UDI et le Parti Breton centriste, il n’y a aucune distinction en termes de vision du monde. Dès lors, pourquoi voter pour ceux qui, à Rennes, feraient ce qui se fait déjà à Paris ?
Rappelons une vérité d’évidence : le fondement du combat breton est la nation bretonne. Cette nation est une synthèse ethnique et historique vieille de plusieurs millénaires dont l’origine première se situe, de par son peuplement, dans l’île de Bretagne et dont la projection humaine est l’actuelle Bretagne, future “Breizh”.
Soit l’on est un tenant idéologique de la modernité libérale, et à ce titre on s’attache à un mouvement d’idées global sans attache ethno-historique particulière. Soit l’on est nationaliste – ce qui est le propre de l’Emsav – et l’on pose la lutte indépendantiste comme la conclusion politique logique de ce combat nationaliste breton.
Hélas, la marxisation du spectre politique français ces 70 dernières années – et par voie de conséquence de celui de la Bretagne – a dénaturé le combat pour l’auto-détermination bretonne par phénomène de mimétisme. Il a pollué cette question de sujets français ou occidentaux parfaitement étrangers au combat pour la défense de l’identité et de la souveraineté bretonnes. Tantôt en l’amenant dans le giron réactionnaire du régionalisme pour demeurer en bons termes par le gouvernement central et ses partis, tantôt en n’en faisant l’outil de courants idéologiques allogènes en vogue.
Seul le nationalisme pose l’action politique par et pour la nation. Ce qui est l’objet même de l’Emsav.
Il ne suffit donc pas de voir un certain nombre d’individus s’agiter autour de termes vagues comme “indépendance” pour que nous parlions effectivement de membres de l’Emsav ou, mieux, de Breizhourion.
Approche pratique
Il est urgent d’adopter une position politique pragmatique afin de pouvoir parler au peuple breton à son niveau de conscience historique actuel. Se définir comme nationalistes bretons n’oblige pas à faire preuve d’un dogmatisme coupé des réalités. L’important est bien la restauration nationale bretonne et, à ce titre, il faut donc se donner les moyens de mobiliser les Bretons pour les nationaliser.
Lors des dernières élections régionales, outre l’état d’impréparation chronique des personnes soucieuses de défendre l’option indépendantiste, l’électeur breton se voyait proposer le choix entre les partis hexagonaux conventionnels et un indépendantisme immédiat. Le réflexe de nos compatriotes sera invariablement de ne pas prendre au sérieux cette option car ils ne voient pas, matériellement, comment l’on pourrait mettre en oeuvre, au moment de son vote, ce projet. Comment penser que les électeurs bretons soutiendraient des gens qui exigent l’indépendance immédiate s’ils démontrent qu’ils ne sont pas même prêts et organisés en tant que parti indépendantiste ?
Les nationalistes bretons ne doivent pas nécessairement se limiter à une approche maximaliste dans leur pédagogie. Il est positif de défendre la question de l’indépendance nationale, mais sans corrélation avec la réalité du moment et des nombreux problèmes que connaissent nos compatriotes, ils continueraient d’éprouver les plus grandes difficultés à s’identifier à ce combat.
Rompre avec la pollution marxisante
Il est temps de réaxer le combat national breton pour le mettre en cohérence idéologique avec lui-même. Plus de 50 ans de déviationnisme marxiste et de socialiste – résultat directe de l’acculturation des Bretons – ont neutralisé l’Emsav en le mettant en sommeil pour le remplacer par une agitation provinciale sans intérêt.
Nous ne pouvons plus souffrir la présence d’éléments asociaux comme Gaël Roblin et ses associés, objectivement aux marges de l’institution psychiatrique, agiter des drapeaux de l’URSS en prétendant incarner l’idée bretonne. Nous ne pouvons plus admettre, si nous voulons agir historiquement, que des illuminés d’extrême-gauche prétendent vouloir réintégrer la Loire-Atlantique afin de garantir les frontières du duché tout en expliquant le plus calmement du monde que la Bretagne sera toujours elle-même avec un nombre illimités de migrants afro-musulmans.
Cette agitation psychopathique et anarchisante a ruiné, sous l’effet de la névrose collective qu’est le gauchisme, la crédibilité de la lutte pour la restauration du peuple breton. Le marxisme sociétal des années 60 a infecté un certain nombre d’individus qui, encore aujourd’hui, continuent de prétendre se situer dans l’Emsav quant ils ne sont, en réalité, que les compagnons de route de la gauche française, à la sauce régionale.
Nous ne pouvons pas admettre davantage que des individus issus de la sociale-démocratie, version molle du marxisme, ne viennent parasiter ce même combat national avec leurs obsessions dont l’immigrationnisme et la défense des sodomites ne sont pas les moins infâmes.
Bref, il est temps d’ancrer le nationalisme breton dans son foyer culturel originel : ethniciste, élitiste, tenant de l’ordre social et de la spiritualité traditionnelle de notre peuple.
Très concrètement, le nationalisme breton passe nécessairement par la défense du socle ethnique breton et doit lutter, pied à pied, contre l’immigration allogène et ses prurits que sont l’islam et le terrorisme.
Changer d’approche dans notre action
Toujours soucieux d’une approche réaliste quoique résolument ambitieuse, les nationalistes devraient proposer une voie médiane, proche de celle de l’Irlande dans les années 20. La constitution d’un état libre breton doit être notre priorité, ainsi que son inscription dans le courant idéologique qui est le notre : celui de la tradition, du celtisme et du nationalisme ethnique.
La restructuration de notre peuple, actuellement désarticulé à tous les égards et dépossédé de sa conscience nationale – au point d’en adopter une autre, déréalisante, qu’est le nationalisme abstrait du rousseauisme républicain hexagonal – doit constituer notre seule priorité.
L’option confédéraliste représente une base qui permettrait de défendre la constitution de la Bretagne en corps de nation – comme nos compatriotes du Pays de Galles ou les Ecossais – tout en focalisant notre attention sur le redressement intérieur de notre pays et la libération identitaire, sociale et historique de ce dernier.
La Bretagne a certes besoin d’une diplomatie, essentiellement économique et sécuritaire, mais nul ne nourrit l’idée d’une armée bretonne conventionnelle, dévoreuse de crédits et inutile en l’état. L’option de milices patriotiques formées par des citoyens-soldats, sur le modèle suisse, représente la meilleure option. En tout état de cause, nous voyons tout l’intérêt qu’il y aurait à une coopération avec le gouvernement français pour ce qui concerne le domaine de la Défense.
La Bretagne abrite la base sous-marine de Brest d’où opère la flotte française : les nationalistes bretons n’ont aucun intérêt particulier à faire de cette présence un enjeu de discorde avec le voisin français. Comme on le voit, les menaces globales qui pèsent sur l’Europe engage à une coopération des différentes nations du continent. Notre pays a lui-aussi besoin d’entretenir une relation de confiance avec ses voisins, au premier rang desquels la France.
La Bretagne pourrait se déclarer neutre militairement tout en laissant opérer l’armée française dans les sites militaires qu’elle utilise actuellement, moyennant un accord dûment formalisé.
Cet exemple, parmi d’autres, permet de souligner tout l’intérêt d’une évolution qui émancipe la Bretagne dans les domaines intérieurs et extérieurs, tout en optant pour un partenariat confédéral sur des sujets où la Bretagne voit ses intérêts mieux défendus si elle sollicite le soutien de la France. Cela pourrait être vrai en matière de défense nucléaire par exemple, mais aussi de surveillance des océans, etc. Au surplus, une Bretagne fort sur le flanc occidental français paraîtra, tôt ou tard, comme un pilier pour une France de plus en plus fragilisée et divisée ethniquement.
L’approche nationaliste et confédérale
L’Emsav doit mûrir et se montrer souple en pratique, tout en étant radical idéologiquement. D’une façon plus générale, si nos rapports actuels avec le gouvernement français sont mauvais, du fait même de la politique qui nous est imposée, notre combat – tout en étant résolu – doit être capable de défendre efficacement les intérêts de notre pays. Ce qui ne peut passer que par une capacité de mobilisation des masses bretonnes et une sage diplomatie avec la France.
Parallèlement à la lutte doit exister le dialogue. Si nous décrétons une hostilité de principe aux Français, à la France, sans les distinguer d’une politique ou d’un gouvernement donnés, nous nous privons d’agir avec efficacité.
Le gouvernement républicain sera toujours hostile par principe à notre action, mais la république française n’est pas la France. Cela ne présage pas, par obligation, d’une évolution particulière. De la même manière que la Nouvelle-Calédonie a su évoluer, notre pays peut atteindre les objectifs que les nationalistes se fixent s’ils allient combativité et pragmatisme.
A ce titre, l’approche confédéraliste nous épargne le coût de l’angoisse du “saut dans l’inconnu” que nombre de nos compatriotes ressentent lorsque la question de l’indépendance immédiate leur est posée brutalement.
Le nationalisme breton, posant le statut national de la Bretagne comme un point non-négociable de son programme, doit consacrer ses efforts à la restauration de son état. Cela passe par une souveraineté politique, diplomatique fiscale et économique, tout en développant son approche des questions de défense et de sécurité en des termes coopératifs avec la partie française.
Cela n’économisera pas un affrontement dur avec Paris sur la question fiscale comme de l’autodétermination politique, mais posera une perspective plus apaisée tant aux yeux de nos populations que pour nos partenaires français qui comprendraient qu’il existe en face d’eux une politique de long terme, constructive et responsable et non pas une somme d’agitateurs dont ils ignoreraient les intentions et assimileraient à des poseurs de bombes erratiques et passablement alcooliques.
C’est l’heure.