Le sentiment d'angoisse qu'éprouvent nombre de Français (face au terrorisme, mais aussi face aux effets pervers de la mondialisation) est de nature à bouleverser le paysage politique et les rapports de force électoraux en France.
Ce sentiment d’angoisse est une donnée majeure du rapport des français à la politique aujourd’hui. Ce n’est pas que ce sentiment est la cause de transformations politiques ; il en est l’expression plutôt que la cause. La cause de ce sentiment est la transformation profonde de nos sociétés et de leurs espaces idéologiques sous l’effet de l’intégration économique de nos pays dans un monde globalisé. Face à cette intégration et au rouleau compresseur de la globalisation, les deux blocs de la gauche et de la droite en France sont traversés de divisions qui ne se résument pas aux seules ambitions présidentielles des candidats. Il s’agit de véritables différences idéologiques et programmatiques : la gauche est notamment divisée sur les questions économiques (comment réguler l’économie dans un monde globalisé ?), tandis que la droite l’est sur les questions sociétales et culturelles et sur l’attitude vis-à-vis du Front national. Des lignes de fractures sont apparues au sein de chacune des deux grandes familles politiques de la gauche et de la droite. Cette perturbation trouve différentes expressions: des taux de participation à la baisse, à l’exception de l’élection présidentielle ; une défiance politique profonde et persistante ; des majorités qui semblent très rapidement frappées d’impopularité ; une « tripartition » de l’espace politique alors même que le système électoral de la Vème République a été originellement conçu pour favoriser la bipolarité. Les effets conjugués de la globalisation de l’économie, de la crise de 2008 et du sentiment d’impuissance qu’ont donné les gouvernements ont engendré une série de très fortes perturbations des systèmes partisans en Europe dont l’expression la plus courante a été la percée de partis contestant le système politique établi et les politiques d’austérité; selon les pays cette contestation s’est exprimé à deux extrémités du spectre idéologique gauche-droite ou seulement à l’une de ces extrémités.
Nous vivons avec le terrorisme depuis 2015. Nous avons déjà eu depuis deux scrutins. Quand on regarde le paysage politique tel qu'on le conçoit avec cette fameuse tripartition gauche – droite – Front national, nous voyons une gauche en difficulté car le gouvernement a du mal à s'adapter à la mondialisation, une droite qui se droitise et un Front national qui se porte bien. Quelque part, tout cela est déjà la résultante de ce qu'on raconte.
Parallèlement à cela, au-delà des tendances majoritaires que nous venons d'évoquer, une partie de l'opinion publique se dit "certes, il y a tout cela, mais on peut en sortir par le haut".
Toute une partie de la société et notamment la société bretonne n'a pas envie de se laisser entraîner là-dedans et réclame une offre politique beaucoup plus optimiste et positive.
Les Bretons, qui constatent les difficultés actuelles de la France, restent confiants dans la capacité de rebond du pays breton. De manière un peu discrète, vous pouvez donc avoir un certain nombre de Bretons qui seraient tentés par une indépendance bien organisée, qui jouerait un petit peu sur le contraste sécuritaire Bretagne/France et essaierait d'insuffler de l'optimisme et des ondes positives.
C'est d'ailleurs l'un des ressorts des attraits de l’indépendance. La Bretagne est très bien placée dans certains domaines, possède certains atouts et peut faire des choses. Une partie de la population est en attente de cela.